Un article paru dans Le Figaro

RÉCIT – Les associations, en lien avec les services de protection de l’enfance, offrent un cadre aux femmes enceintes SDF ou rejetées. Et un répit pour essayer de nouer un lien avec leur bébé.

Rosa*, 12 ans, lèche sa sucette puis croque de mauvaise grâce dans sa nectarine. «Il faut que tu manges des fruits», lui répète-t-on. C’est mieux pour toi, pour ton bébé aussi. Sous son sweat mauve, Rosa est enceinte de six mois. Dans son français très approximatif, elle commente en remuant sur sa chaise «c’est bien, ici», réclame des chips pour embêter Marie Tozer, la responsable communication de la Maison de Tom Pouce. 

Ce centre d’accueil prénatal situé quelque part en Seine-et-Marne -, pour protéger les mères, il est défendu de dire où – accueille Rosa depuis quelques mois.

[…] Elle attend cet enfant de son «copain» et affirme s’en réjouir. D’ailleurs elle a appris sa leçon : «un bébé a besoin de manger, des habits». «Et aussi ?… lui suggère Marie Tozer. … De l’amour, de la sécurité ?» Rosa hoche la tête : ah oui, c’est vrai. 

Dans la Maison de Tom Pouce, l’adolescente côtoie une dizaine de femmes enceintes. Ici, elles apprennent à se nourrir, à s’entendre un peu entre elles : les repas sont communs, les tensions fréquentes mais l’encadrement aux petits oignons : une psychologue, une éducatrice spécialisée et une maîtresse de maison sont constamment présentes. Financée par l’ASE et par des dons privés, la Maison de Tom Pouce a une vocation de santé publique : préparer les futures mères à ce rôle.

Le jour de leur accouchement, plusieurs choix s’offriront à ces femmes : retourner dans leur famille pour celles qui en ont une, demander un logement social ou être orientées vers une maison prénatale pour y approfondir la relation nouée avec leur enfant. La majorité, pas encore prête à affronter le monde de dehors, préfère cette option. Certaines n’ont pas le choix.

[…]

*Ces prénoms ont été modifiés

Par Madeleine Metayer / illustrations Florence Mahon de Monaghan

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